Qui sommes-nous ?


هينة...وا هينة ! آش عشاك الليلة ؟

Hayna... ô Hayna, de quoi dînes-tu ce soir ?





Retrouvez-nous sur notre page Facebook
Exprimez-vous librement et en direct sur notre groupe Facebook 


Hayna est le premier groupe d’entraide marocain en ligne contre les Troubles du Comportement Alimentaire. Notre objectif est de venir en aide aux malades ainsi qu’à leurs proches pour mieux comprendre les souffrances qui les hantent et vaincre ensemble cet enfer.
Ce site a été initié par une ancienne boulimique qui, après avoir surm
onté la maladie, tient aujourd’hui à redistribuer l’aide dont elle a elle-même bénéficié. A présent, c’est à vous de tisser la toile qui contribuera a déployer ce réseau d’entraide.
Que vous ayez réussi à vaincre la maladie ou que vous soyez toujours en pleine lutte contre vos démons, vos témoignages sont précieux.
Que vous soyez concernés par les TCA ou que vous souhaitiez soutenir un proche, rejoignez-nous.
Que vous soyez thérapeuthes, nutritionnistes ou éducateurs, merci d’apporter votre éclairage et votre contribution constructive afin d’aider ceux qui n’ont plus la force de se relever seuls.
Au sein d’une société arabo-musulmane contraignante et culpabilisante, les causes à l’origine des symptômes d’anorexie et de boulimie chez la femme sont très nombreuses. Elle se cachent malheureusement souvent derrière le masque des traditions, de la religion et de la bienséance. Ces maladies n’épargnent d’ailleurs aucune classe sociale et ne connaissent pas de limite d’âge ou de sexe.
Le chemin de la guérison est en revanche propre à chacune d’entre nous. Il n’existe pas de remède miracle ni de méthode révolutionnaire, et le cheminement vers la sérénité peut être long et pénible.
Toutefois, grâce à l’entraide et au soutien dont vous bénéficierez au sein de ce groupe, vous pourrez vous aussi alléger vos souffrances.
Correspondances, témoignages, groupes de parole, ateliers, … toutes vos propositions sont les bienvenues pour éclairer le chemin obscur à travers lequel certaines se sont égarées.

En savoir plus sur la légende de Hayna...

Survivre dans le déni : dissimulations et manipulations

 
Lorsque les troubles du comportement alimentaire (TCA) débutent par un régime, une envie de perte de poids rapide, la personne concernée pense avoir le total contrôle de la situation et de son corps. Elle s'inflige une restriction alimentaire ou des actes compensatoires violents qui lui garantissent une perte de poids immédiate et grisante.

"Je m'arrêterai quand j'aurai perdu 5 kilos... dans un mois, j'arrête."

Un mois, ou plus précisément 21 jours, c'est exactement le temps nécessaire à une mauvaise habitude pour s'installer durablement dans notre esprit et notre comportement. D'après les études neurolinguistiques, c'est le temps nécessaire pour que l'anorexie ou la boulimie devienne une seconde nature, et que le contrôle nous échappe subrepticement.

Pourquoi faut-il que tant de personnes se murent dans le déni de leur souffrance ?

Il ne suffit pas d'avoir traversé un viol, un inceste ou un traumatisme particulier pour tomber dans le piège des TCA. Certaines personnes souffrant de ces troubles ont en apparence tout pour être heureuses, mais manquent d'un petit quelque chose (attentions familiales, amour, amitiés, estime de soi...) qui les pousse à se murer dans ces formes d'auto-mutilation.

La perte de poids dans les cas d'anorexies-boulimies entraîne une telle euphorie et un tel sentiment de puissance que la personne ne se sent ni malade ni victime. Elle rejette toute forme d'aide extérieure ou toute remarque relative à son comportement alimentaire.

La prise de poids lors de boulimies sans actes compensatoires est souvent justifiée par une période passagère de gourmandise ou d'appétit vorace, un besoin temporaire de se conforter avec de la bonne nourriture face aux difficultés du quotidien. Certaines personnes qualifient même leur comportement d'épicurien : "On ne vit qu'une fois après tout, autant profiter des bonnes choses !"

Ce déni nous affaiblit face à ces maladies pernicieuses. Il se transforme alors progressivement en impuissance et en honte. La honte de se retrouver pris au piège après avoir fièrement dit ou pensé que l'on contrôlait la situation. La honte de se retrouver seule face à des agissements que l'on ne comprend pas. La crainte de la folie lorsque la voix de l'anorexie ou de la boulimie résonne dans notre tête exigeant de nous des restrictions ou des compulsions de plus en plus violentes.

C'est à ce moment-là que l'on n'ose plus du tout en parler et que l'on continue de se murer dans le silence et la solitude. C'est à ce moment-là que l'on échafaude des stratagèmes pour dissimuler nos troubles à notre entourage, que l'on s'évertue à masquer nos tristesses et afficher une jovialité à toute épreuve. C'est à ce moment-là que l'on se surprend à manipuler nos proches de sorte à éviter qu'ils ne fassent irruption dans notre secret. On identifie alors les emplois du temps de chaque membre de la famille de sorte à planifier ses repas ou ses crises en toute solitude. On vole de la nourriture, on masque les odeurs, on cache la maigreur, on prétend avoir déjà mangé à l'extérieur, ...

Apprenons à observer nos proches lorsque leur comportement alimentaire dérive.
Apprenons à avoir confiance en ceux qui se font du soucis pour notre santé et son prêts à nous écouter.

Sachez que lorsque le déni s'efface, il laisse place à une véritable renaissance : un premier pas dans le processus de guérison.

Les troubles du comportement alimentaire, parlons-en !

Approche épidémiologique de la boulimie et du comportement alimentaire inhabituel en milieu universitaire à Marrakech


Epidemiologic approach of bulimia and unusual eating behaviour in the University of Marrakech (Morocco)
Doi : 10.1016/j.amp.2010.09.001 
Auteurs : F. Manoudi  , I. Adali, F. Asri, I. Tazi
Disponible ici

Résumé


La fréquence de la boulimie et la gravité de ses conséquences en font un problème de santé publique. Dans le but d’étudier la boulimie et le comportement alimentaire inhabituel (CAI) chez les étudiantes universitaires, nous avons mené une enquête auprès de 480 étudiantes dans quatre universités et une école de l’enseignement supérieur. La prévalence de la boulimie était de 4 %, celle du CAI était de 63,8 %. La boulimie était sévère chez 21,05 % des étudiantes. Le coupe-faim était le moyen le plus utilisé chez les deux groupes d’étudiantes. Les étudiantes de la faculté de médecine avaient plus de boulimie et de CAI. Les étudiantes boulimiques avaient plus un surpoids, et celles avec CAI avaient plus une corpulence normale. En conclusion, le mode de vie n’avait pas d’influence sur la boulimie et le CAI, et la dépression était fréquente dans les deux groupes.

Plan


Introduction
Sujets et méthodes
Résultats
   Caractéristiques de la boulimie et du comportement alimentaire inhabituel
   Profil des étudiantes boulimiques
   Profil des étudiantes avec comportement alimentaire inhabituel
Discussion
   Étudiantes boulimiques
   Étudiantes avec comportement alimentaire inhabituel
Conclusion
Conflit d’intérêt


© 2010  Publié par Elsevier Masson SAS.

«La boulimie au Maroc touche énormément de femmes»


«La boulimie au Maroc touche énormément de femmes»


Source : Aujourd'hui Le Maroc
Le 2011-01-30 N° : 2358
Article de Kawtar Tali



Selon la nutritionniste Bouchra Amsaguine Aouni, le travail sur soi est le seul remède à la boulimie. Ainsi, il faut savoir se connaître et identifier là où le bât blesse.

Que veut-on dire par boulimie ?

La boulimie reflète l’état d’une personne qui mange sans arriver à une satiété. C’est une sensation de faim continuelle. A force de manger, l’estomac commence à augmenter de volume, et ce pour recevoir les aliments qui arrivent en masse. Ce qui provoque souvent des sensations de nausées et de vomissements. Je tiens à préciser dans ce sens que la boulimie n’est ni héréditaire ni génétique. C’est un déséquilibre fonctionnel qui est le résultat d’un système environnemental défaillant.

Qu’est-ce qui explique cette obsession de manger ?

Généralement, toute personne normale a sa petite dose de stress et sa petite dose de joie. Ainsi, elle n’est pas censée être boulimique. Cependant, les boulimiques optent pour la nourriture en tant que système de compensation. Pour eux, le fait de manger est une expression de mal-être. On va mal donc systématiquement on mange et cela continue au point de devenir une obsession.

A quel âge se déclenche-t-elle?

La boulimie n’a pas une limite d’âge . On peut être boulimique à 3 ans comme on peut l’être à 40 ans. Tout dépend des facteurs environnementaux . Il suffit juste d’un élément déclencheur pour que la boulimie surgisse. D’après mon expérience, je dirai qu’on est plus boulimique à l’adolescence qu’à n’importe qu’elle étape de la vie. La personne, à ce moment là, est en quête de soi . Du coup elle ne se sent pas bien dans sa peau. Et par conséquence, elle compense son désarroi en mangeant.

Les vomissements sont-ils un symptôme déterminant ?

On peut être boulimique sans pour autant vomir. Les vomissements indiquent un autre stade de la boulimie. Lorsqu’on commence à vomir, cela veut dire clairement qu’on est entre l’anorexie et la boulimie. On passe au vomissement pour garder sa ligne ainsi la balance change de sens. C’est-à-dire on mange en grande quantité en contre-partie, on vomit plus qu’il n’en faut. Cela traduit une prise de conscience par rapport à son organisme, à soi et à son image. Ainsi, on se retrouve avec zéro calorie par jour tout simplement parce qu’on veut perdre du poids après des crises de boulimie.

Comment peut-on déterminer une crise de boulimie ? Et y a-t-il une composante hormonale qui rentre en jeu ?

Tout d’abord, il est utile de déterminer les signes précurseurs d’une crise de boulimie. Outre l’envie incessante de manger, la crise peut être précédée par des maux de tête.
De ce fait, on a envie de manger pour se sentir mieux. S’agissant de la composante hormonale, elle est apparente dans le fait que la boulimie soit relative à la période de la menstruation. Dans ce cas, la situation devient relativement compliquée. On ne peut pas résister aux hormones qui nous dévorent de l’intérieur. En somme les fréquentes crises de boulimie sont liées au stress. Donc, il faut apprendre à le gérer.

Les femmes sont-elles les plus exposées à la boulimie ?

La boulimie sévit équitablement. Mais elle reste relative au milieu où la personne se développe. Ainsi, là où on est mal servi on est exposé à la boulimie. Contrairement aux États- Unis, la boulimie au Maroc touche énormément de femmes. De par sa condition de vie précaire, la Marocaine a tendance à avoir une prédisposition à la boulimie. La femme marocaine continue toujours de se sacrifier pour son entourage sans pour autant prendre soin d’elle. De ce fait, la seule chose qu’elle pourra faire pour elle-même c’est de manger.

Y a-t-il des statistiques nationales dans ce sens ?

Non, pas à ma connaissance. Au Maroc, on ne peut avoir aucun chiffre sur lequel se baser pour prendre des décisions. On se réfère généralement à nos conclusions personnelles. Personnellement, je reçois beaucoup de femmes boulimiques. Sur le plan national, la femme n’a pas où se défouler à part les salles de sport et encore si elle a du temps à cela. De même, on a éduqué nos filles à encaisser tous les maux du monde sans émettre la moindre réaction. Malgré cela, elles sont toujours sujettes à des remarques négatives. Et par la suite, on se permet de la traiter d’obèse ou de grosse.
Tous ces facteurs détruisent la personne et la poussent à sombrer dans une boulimie. Après tout, on n’est pas boulimique gratuitement. Les blessures et la maltraitance sont tellement profondes qu’on peut les voir à l’œil nu. Donc pour ces personnes , le fait de manger apaise tous les maux.

Comment évaluez-vous l’impact de la boulimie ?

L’impact de la boulimie est considérable. La personne commence à prendre du poids, elle ne s’aime plus et culpabilise tout le temps. Cela va de pire en pire ce qui donne cette équation de «je mange, je grossis et je déprime». C’est un labyrinthe.

Quelles sont les thérapies appropriées à ce genre de maladie ?

Il n’y a pas de solution-miracle. C’est un travail sur soi très profond. Il faut savoir à se connaître et identifier là où le bât blesse. Dans ce sens, j’invite les personnes boulimiques à prendre un rendez-vous avec elles-mêmes. Il faut à ce moment-là s’offrir des moments de détente et avoir recours aux activités qui leur font plaisir. Aussi banales soient elles, elles revêtiront une grande importance du moment où elles feront sortir le patient de son cercle de stress et de tension. Et en conclusion il faut savoir qu’on ne vit pas pour manger mais on mange pour vivre.

«Il n'existe aucun centre de prise en charge des TCA au Maroc»

«Il n'existe aucun centre de prise en charge des TCA au Maroc»


Source : L'observateur du Maroc
Le 25 - 06 - 2010
Article de Mouna Izddine

Interview du Dr. Farid Tadlaoui, Médecin nutritionniste à Casablanca.




Comment définir et reconnaître l'anorexie mentale ?

L'anorexie mentale est appelée ainsi car on est face à une absence d'affection somatique, autrement dit de maladie organique qui pourrait expliquer l'amaigrissement important du patient. C'est en somme une peur intense et pathologique de devenir obèse, et qui ne disparaît pas avec la perte de poids. L'anorexique a un comportement obsessionnel avec la nourriture, et se retrouve enfermé dans un rituel alimentaire d'exclusion permanent. L'anorexie mentale, qui est considérée comme telle à partir d'une diminution d'au moins 25% du poids initial, s'accompagne d'un trouble de l'image du corps : l'anorexique se perçoit comme gros(se), malgré sa maigreur, et est par ailleurs dans le déni de sa maladie. Ce trouble du comportement alimentaire touche principalement les filles (9 fois sur 10), entre 10 et 20 ans, les femmes ayant généralement un rapport plus émotionnel à la nourriture que les hommes.

Qu'en est-il de la prévalence de l'anorexie dans notre pays ?

Il n'existe pas de statistiques fiables à ce sujet, mais le Maroc ne fait pas exception à la règle, dans la mesure où on estime de 1 à 2% la proportion d'anorexiques parmi les jeunes filles. Et cette maladie connaît un essor inquiétant dans notre pays, comme partout où se pose le dilemme abondance de nourriture d'un côté, et idéal minceur de l'autre. En tant que médecin nutritionniste, je reçois de plus en plus d'adolescentes dans ce cas, avec parfois, des IMC (poids en kilos divisé par la taille en mètres au carré) dramatiques, inférieurs à 16 (un IMC normal se situe entre 18,5 et 25), et qui répètent avoir été obligées à consulter par leurs parents, en dépit de leur «santé parfaite». Ce sont souvent des filles qui refusent de grandir, ou transfèrent tout leur stress sur la nourriture.

Existe-t-il des centres spécialisés en troubles du comportement alimentaire (TCA) au Maroc ?

Hélas, non. Que ce soit l'anorexie, la boulimie, ou ces deux extrêmes combinés, les TCA sont considérés comme des pathologies de riches, sachant que nombre de mutuelles ne remboursent même pas les bilans. Or, il faut sensibiliser les autorités sanitaires et le grand public marocain sur la prévalence croissante dans notre pays de ces pathologies très sérieuses, mettant en danger le pronostic vital des patient(e)s. Si le tiers en effet des anorexiques guérit, un autre tiers bascule chroniquement entre rechute et équilibre, tandis que le dernier tiers va jusqu'à l'hospitalisation avec parfois traitement psychiatrique. Dans cette catégorie, 10% des patient(e)s décèdent par anorexie ou par suicide. Et tout l'enjeu du traitement (aide psychothérapique et nutritionnelle) réside dans la prise de conscience de l'anorexique de sa maladie. Les anorexiques comme les obèses morbides sont des cas médicaux difficiles, les plus désarmants pour nous autres médecins, dans le sens où ils nécessitent parfois des années de suivi rigoureux par une équipe pluridisciplinaire pour réapprendre au patient à s'alimenter sainement et à dissocier émotions et nourriture. D'où l'impérieuse nécessité, on ne le répétera jamais assez, de communiquer sur les TCA afin que soient créés des centres publics et privés dédiés aux TCA au Maroc.

Dr Youssef Mohi : «10% des anorexiques décèdent»

Dr Youssef Mohi : «10% des anorexiques décèdent»

Source : Aujourd'hui Le Maroc
Le : 2011-01-16 N° : 2348
Article de Salima Guisser



Selon Dr Youssef Mohi, l'anorexie mentale est multifactorielle et multidimensionnelle. Quant au sex-ratio, il est de neuf filles pour un garçon dans l'anorexie mentale post-pubère.


Comment définissez-vous l’anorexie mentale?

L’anorexie mentale est considérée comme une pathologie psychiatrique. Pourtant, ses complications somatiques sont multiples et parmi celles-ci, certaines peuvent être fatales. Depuis des décennies, la forme classique est celle de la jeune fille ou jeune femme, caucasienne, issue d’un milieu aisé, vivant en milieu citadin, dans un pays de culture occidentale. Pourtant, les études épidémiologiques récentes soulignent l’augmentation de prévalence des troubles du comportement alimentaire, leur extension à travers les classes sociales, dans des cultures et ethnies variées, dans le sexe masculin et à des âges différents, et en particulier chez l’enfant avant la puberté.

Quels en sont les principaux symptômes ?

Selon le Diagnostic Statistic Mental IV-TR (DSM), qui est une référence américaine, ces causes se manifestent à travers le refus de maintenir un poids corporel au niveau ou au-dessus d’un poids minimal pour l’âge et la taille. Il s’agit d’une perte de poids conduisant au maintien du poids à moins de 85% du poids attendu, ou incapacité de prendre du poids pendant la période de croissance conduisant à un poids inférieur à 85 % du poids attendu. Les anorexiques souffrent également d’une peur intense de prendre du poids ou de devenir gros alors que le poids est inférieur à la normale, une altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps, influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l’estime de soi, ou déni de la gravité de la maigreur actuelle. Chez les femmes post-pubères, ces critères se manifestent à travers une aménorrhée.

Quels sont les facteurs favorisant l’apparition de ces symptômes ?

L’anorexie mentale n’est pas une maladie nouvelle et sa cause est inconnue, et, même si le trouble commence à l’occasion d’un événement familial ou lors de moquerie par un pair, l’hypothèse d’une cause unique a été abandonnée depuis longtemps. L’anorexie mentale est multifactorielle et multidimensionnelle. Selon le modèle bio-psycho-social souvent cité, on peut dire qu’il existe d’abord des facteurs de risque : biologiques et génétiques et des facteurs psychologiques individuels et familiaux. On cite aussi des facteurs socioculturels et des facteurs précipitants : événements familiaux, ainsi que des interventions de l’environnement (familiales, amicales, sociales, etc.) et parfois les premiers signes de puberté. On relève aussi des facteurs de maintien : par exemple, la dénutrition elle-même entraîne des modifications psychologiques, l’environnement se réaménage autour de la maladie, etc. Parmi les facteurs de risque familiaux, il est important de souligner le rôle de l’existence de troubles du comportement alimentaire chez les parents, d’autant que l’on a décrit une continuité entre troubles de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte. Les difficultés alimentaires durant l’enfance et l’adolescence sont prédictives d’un trouble du comportement alimentaire chez l’adulte.

Quel est le sexe le plus touché par la maladie ?

Alors que dans l’anorexie mentale post-pubère, le sex-ratio est de neuf filles pour un garçon, dans l’anorexie prépubère on estime que 19 à 30 % des cas concernent des garçons. Les symptômes sont les mêmes que chez les filles au plan alimentaire avec rejet du gras. En revanche, les préoccupations sont différentes, avec idéalisation des corps des athlètes et des culturistes et hyperactivité physique par admiration de leur musculation. Contrairement à ce qui a pu être écrit autrefois, le pronostic n’est pas plus grave chez le garçon que chez la fille. L’existence d’une obésité ou d’un surpoids ayant entraîné des moqueries de la part des pairs du fait de son manque d’agilité et de son côté lourdaud est un facteur plus souvent signalé chez le garçon lors du démarrage de la restriction alimentaire.

L’anorexie mentale est-elle une pathologie occidentale inhérente à la mode ?

Les aspects socioculturels ont évolué ces dernières années. Jusque dans les années 1970, on disait ne pas connaître de cas dans la race noire. Puis vinrent des publications décrivant des cas au sein de minorités ethniques des pays de culture occidentale et surtout dans des pays de cultures non occidentales : Afrique, Moyen-Orient, Inde et pays asiatiques, etc. suggérant un rôle de la pénétration des valeurs occidentales (culte de la minceur, mode, etc.) dans ces pays, soit par le biais de l’occidentalisation, soit par le biais d’une confrontation au choc entre valeurs traditionnelles et nouvelles valeurs. Les publications concernant les pays asiatiques attirent l’attention sur des nuances symptomatologiques, sur le rôle de l’urbanisation, sur la recherche de la minceur, y compris dans les populations d’âge scolaire.

Quel traitement préconiser dans ce cas?

Le traitement associe idéalement quatre types d’interventions : un suivi médical, un suivi nutritionnel, un suivi psychiatrique et une prise en charge familiale. On peut atteindre, ainsi, 30 à 50% de guérison sans séquelles. 10 à 20% restent maigres et socialement fragiles. Alors que 10 à 15% ne guérissent pas, 5% associent une anorexie-boulimie et 10% décèdent.

Isolement : la fable du renard dans le tronc d'arbre

"Un renard affamé avait aperçu des morceaux de viande que des bergers avaient laissé dans le creux d'un chêne. Il y pénétra et les mangea. Mais comme son ventre enflé ne lui permettait plus de sortir, il se mit à gémir et à se lamenter. Un autre renard, passant par-là, entendit ses plaintes et s'approcha de lui pour en demander la cause. Lorsqu'il apprit sa mésaventure : " Reste donc là-dedans, lui conseilla-t-il,  jusqu'à ce que tu redeviennes tel que tu étais en entrant. Ainsi, tu sortiras sans peine ! "
D'après une fable d'Esope.

Et vous ? Si vous étiez à la place du renard "coincé" dans l'arbre  creux, que feriez-vous pouvoir sortir enfin ?
Cette fable est une métaphore qui évoque un pièce dans lequel certaines personnes boulimiques tombent parfois, ainsi que le moyen d'en sortir.
Dans le tronc d'arbre, se trouvent nourriture et gourmandises. Les personnes en question mangent trop. Ensuite la prise de poids les tient enfermées chez elles. Pour peu qu'elles soient ravitaillées régulièrement par elles-mêmes, par la famille ou le conjoint, elles resteront captives. Leur espace de vie s'en trouvera ainsi limité. Elles se trouvent alors prises dans une contradiction : elles voudraient bien en sortir et êtres légères, minces et libres, mais en même temps elles ne peuvent s'empêcher d'absorber de la nourriture hyper-calorique qui les maintient dans leur isolement.
Ce qui les tient enfermées, c'est aussi les croyances, les habitudes alimentaires, l'exigence de la mode et l'action marketing de l'industrie alimentaire. 
Pour sortir, nous dit cette histoire, il faut essentiellement cesser de se lamenter dans l'excès de nourriture et savoir repérer ses vrais besoins plutôt que d'anesthésier notre esprit par la nourriture et autres drogues.
Mais cette lucidité n'est pas évidente pour celle qui vivent dans l'enfer des troubles de la conduite alimentaire. 

C'est pour cela que Hayna vous propose une écoute et un soutien qui vous aideront à sortir la tête de votre cercle infernal.